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Publié le par nico-wong


Nous sommes à un an, jour pour jour, du début des Jeux Olympiques de Pékin de 2008 et la capitale en célèbre actuellement le compte à rebours, avec notamment une grandissime cérémonie organisée dans la soirée sur la place Tiananmen. J'ai pu assisté, hier, aux préparatifs de cette grande fête qui sera diffusée en direct par quasiment toutes les chaînes de CCTV. L'occasion pour moi d'observer comment tous les figurants y participant ont répété la programmation organisée par le Comité, la mairie de Pékin et la Télévision Centrale de Chine. Pas de place pour le hasard et l'improvisation : les présentateurs révisent leurs répliques prêtes-à-mâcher, les danseurs synchrnonisent et resynchronisent sans cesse - sur scène et ailleurs - leurs chorégraphies, et les cameramans ajustent leurs prises de vue afin que tout soit parfait pour la retransmission live. On m'avait procuré un pass pour assister à la cérémonie ce soir, mais je n'aurais pas été autorisé à me balader pour prendre des photos comme bon me semble, puis rester assis 4h sur une chaise en plastique, non merci '^^ ! Alors, tous comptes faits, j'ai préféré me réfugier à la maison (pour essayer de me souvenir de mon %?&%#! de mot de passe over-blog).


Je me souviens, la première fois que j'ai mis les pieds à Pékin, c'était en 2001, c'est-à-dire l'année même ou les Jeux ont été attribués à la capitale chinoise. La nouvelle avait été accueillie avec enthousiasme et, parallèlement, la candidature de la Chine à l'Organisation Mondiale du Commerce était acceptée - autant de signes marquant l'intégration du pays des mandarins au sein de la communauté internationale. Pékin allait être la vitrine de la Chine moderne et effectivement, en l'espace de six ans, son visage a énormément changé.


En six ans de chantier, de poussière et de bruits, les hutongs ont cédé le centre ville aux centres commerciaux et aux complexes immobiliers. Le problème d'insalubrité (ah l'odeur de ces chiottes qu'on ressent a 500m) a certes été résolu, mais c'est un mode de vie, accés sur la communauté de voisinage autour des cours carrés, qui disparaît avec. Les habitants de ces quartiers, peu ou quasiment pas indemnisés par la municipalité après la destruction de leurs logements, ne peuvent se payer la loyer, et donc encore moins l'achat, des nouveaux appartements construits là même ou leurs familles ont vécu durant plusieurs générations. Ils se voient donc contraints de déménager vers la périphérie de cette immense ville qu'est Pékin, les obligeant ainsi à faire quotidiennement de longs trajets pour se rendre à leur travail (ou alors à en changer).

Le réseau sous-terrain étant insuffisant pour un complexe urbain de cette échelle (je me souviens de mon étonnement en constatant que le métro pékinois ne comptait que deux pauvres petites lignes), le traffic automobile s'est développé de manière exponotielle ces dernières années. Alors qu'auparavant, la bicyclette était non seulement le moyen de locomotion de prédilection des Pékinois, mais également un signe de réussite et de reconnaissance sociales, c'est la voiture (étrangère si possible) qui joue ce rôle aujourd'hui. La circulation sur deux roues est donc en voie de disparition, les voies cyclables qui se transforment peu à peu en axe de circulation automobile supplémentaire en atteste. Et malgré les 241 jours de "ciel bleu" de l'an dernier, le renouvellement de la totalité des taxis (fini les petits xiali à 1,20 RMB/km), la construction de nouvelles lignes de métro, l'évincement des usines à charbon des environs, la pollution reste encore un des problèmes les plus préoccupants de la capitale.


Du point de vue politique, ceux qui espéraient comme moi plus de souplesse de la part des autorités et un meilleur respect des droits de l'Homme ont toutes les raisons d'être déçus. En ce qui concerne la liberté de l'information, on n'a pu constaté aucun relachement de la part des officiels. L'agence de presse officielle Xinhua continue d'exercer, tant bien que mal, son monopole sur l'information qui circule en Chine continentale. Internet vient chambouler le circuit de diffusion officiel, mais les moyens dont disposent les autorités pour censurer le Net sont les importants et les efficaces au monde. Je me rappelle aussi qu'en 2002, un incendie dans un cybercafé avait été le prétexte pour la municipalité de fermer tous les établissements de ce type, et ceux qui ont pu rouvrir sont aujourd'hui soumis à des régulations pour le moins rigides. La situation au Tibet non plus ne s'est guère améliorée et, au risque de paraître rabat-joie, parler d'esprit olympique dans de telles conditions me paraît légèrement hypocrite (voir aussi : Un monde, un rêve... les droits de l'homme universels (Lettre ouverte des écrivains chinois traduite par le blog Jardin de liberté).

Quoiqu'il en soit, Pékin est devenu, en l'espace de six ans, une ville internationale et cosmopolite, c'est-à-dire ouverte sur le monde, aussi bien sur le plan des échanges de biens et de services qu'au niveau des idées. Ses habitants en sont bien conscients et leur comportement, leurs mode de vie, ainsi que leurs exigeances ont bien évolués depuis 2001. La Chine s'ouvre, la Chine se modernise, la Chine s'éveille, reste à espérer qu'elle se lève du bon pied.
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