"When Heaven Burns", la série qui dérange Pékin
Sexe, drogue et rock n'roll, le tout sur fond de cannibalisme... "When Heaven Burns" est une série télévisée de Hong Kong qui a divisé la société locale. Et il ne restait plus que cinq épisodes avant la fin de la série quand la SARFT décide d'en interdire la diffusion sur le continent. Produite par la chaîne TVB, elle est la première série hongkongaise à être interdite par Pékin en dix ans, d'après le South China Morning Post.
Son scénario suscite la controverse car l'histoire s'articule autour d'une tragédie qui, 18 ans après les faits, continue de hanter les personnages. En 1992, quatre jeunes musiciens partent dans les montagnes du Xinjiang pour assister à un concert de rock. Piégés par une tempête de neige, ils tuent et mangent l'un d'entre eux afin de survivre. Un événement qui change à jamais la vie des trois rescapés, ainsi que celle de la petite amie de celui qui a été sacrifié, à qui les autres décident de mentir.
L'un des survivants, frappé d'amnésie depuis le drame, revient à Hong Kong cherche à réunir les anciens amis : une animatrice radio, un requin de la finance et un militant syndical. Autour de ce dernier se développent des thèmes sensibles dans le contexte actuel avec notamment la révolte du village de Wukan. Certains épisodes le mettent ainsi en scène dans des actions collectives. Il organise grèves, manifestations, négociations avec le patronnat, et finit par se présenter aux élections législatives pour défendre les intérêts des travailleurs. Mais une fois devenu politicien, il n'hésite pas à passer par la trahison et la corruption pour assouvir sa soif de pouvoir.
A travers les personnages, la série explore donc la part sombre de l'humanité et dresse un portrait glacial de la société hongkongaise. « When Heaven Burns » se démarque des drames familiaux ou des comédies romantiques diffusés habituellement à cette heure-là à la télévision, mais le succès n'a pas été au rendez-vous en ce qui concerne l'audimat. Boudée par les ménagères de Hong Kong, la série a en revanche été pébliscitée par les jeunes. Une tirade tirée de la série,« This city is dying, you know ? », est ainsi devenue une expression à la mode sur les réseaux sociaux.
Le message contestataire véhiculé par cette série iconoclaste semble donc déplaire au pouvoir central, d'autant plus qu'elle ferait référence aux massacres de la place Tiananmen. Chow Yuk-ming, le scénariste de la série, reconnaît ainsi avoir changé la date de l'incident du Xinjiang, de 1989 à 1992, pour éviter toute controverse. Ce qui n'a pas empêché des internautes d'interprèter l'histoire comme une allégorie des événements du printemps 1989.