Le feng-shui, une affaire de gros sous

9 millions HKD, soit environ 830 000 €, c'est la somme dépensée ces 10 dernières années par le gouvernement hongkongais pour des rituels religieux visant à réparer la disruption de feng-shui causée par des chantiers publics. Et il ne s'agit là que des coûts liés à des cérémonies, nous explique le South China Morning Post, impossible donc de savoir ce qu'ont coûté les construction de ponts, d'arches ou encore de temples érigés pour rééquilibrer un feng-shui perturbé par un nouvel édifice.

Car à Hong Kong, la loi le stipule. Les représentaux locaux peuvent demander réparation si un nouveau projet vient troubler le feng-shui de leur quartier ou de leur village. Cet art ancestral de la géomancie est en effet bien plus qu'une superstition, il s'agit même d'une composante importante du marché immobilier. Ainsi, qu'il s'agisse d'un appartement ou d'un magasin, le feng-shui peut avoir une influence sur les affaires ou la vie familiale.

Un bon feng-shui est donc précieux. Et ce n'est pas Tsang Hin-keung, le chef du village de Kap Lung, qui dira le contraire. Il vient en effet de réclamer la transformation d'un pont piéton en pont routier pour compenser la perturbation de l'environnement cosmologique provoquée par le projet de chemin de fer à grande vitesse Hong Kong - Canton. Une affaire qui sent le conflit d'intérêt à plein nez quand on sait que Tsang est également le propriétaire du tiers des terrains du village.

C'est pourquoi des députés ont appelé le gouvernement à plus de transparence sur l'affectation de ces fonds qui sont souvent au centre de business pas toujours très nets. En effet, certains chefs de village n'hésitent pas à faire appel à leur propre compagnie pour effectuer les travaux nécessaires pour rééquilibrer le fung-shui. Il s'agit donc tout simplement de corruption, des détournements d'argent public d'autant plus inacceptables que le fung-shui n'est pas vraiment une science exacte et que les charlatans sont légion à profiter de ce flou juridique.