- la jeunesse HK se rebelle -

L'apathie politique à Hong Kong, c'est bel et bien fini. Ces derniers années, la ville est régulièrement le théatre de manifestations en faveur de la liberté de la presse ou du suffrage universel. Plus récemment, la vague de protestations suscité par le projet de la ligne de TGV HK - Shenzen - Canton, estimé à 8,6 milliards de dollars, a mobilisé de nombreux jeunes. Les post-80, comme disent les médias locaux, se rassemblent sur Facebook et Twitter, ils ont leur mot à dire et ils le disent bien fort.
Le 16 janvier, au moment du vote, ils ont assiégé le Legco puis la résidence de Donald Tsang pour faire entendre leur voix. Certains protestent par principe, d'autres chargent les policiers sans vraiment savoir pourquoi, d'autres encore jouent du djembé sous kétamine. Cette génération de Hongkongais est différente des précédentes. "Selon les sociologues, malgré leurs conditions de vie aisées, les Hongkongais nés dans les années 1980 semblent être plus idéalistes et plus sensibles aux inégalités sociales que leurs compatriotes continentaux." (Courrier International)
Ils sont également moins attaché la à mère patrie, la Chine est pour eux un pays étranger et ils veulent que leurs opinions soient prises en compte dans les décisions qui influeront sur l'avenir de Hong Kong. Ils n'ont pas cette mentalité de dispora qui caractérisait la population de la colonie britannique, ces jeunes ne veulent ni rentrer au bled, ni s'établir à l'étranger. Ils ont grandi avec le cinéma made in HK et la cantopop. Ils défendent le patrimoine de leur ville, du Star Ferry à Central (finalement démoli en 2006) à ce village qui pourrait être rasé par la ligne de TGV. Pendant leur enfance, ils n"avaient pas école le jour de l'anniversaire de la Reine d'Angleterre, maintenant ils ont un jour férié pour fêter la fondation de la RPC. Mais en fait, ils sentent avant tout hongkongais. Ils représentent une force de la société qui monte en puissance. Et ils auront sans doute un rôle à jouer dans le défi que les partis démocrates ont lancé à Zhongnanhai.
Cinq députés vont quitter leurs fonctions au Legco le 27 janvier pour protester contre la lenteur des réformes démocratiques. Un dans chacune des cinq circonscriptions élécorales que compte la RAS et qui se représentera dans les élections partielles que cela va provoquer. Le pari est risqué. En remettant en jeu cinq de leurs sièges au Legco, les démocrates risquent de perdre le droit de veto qu'ils se réservent sur toute réforme constitutionnelle. A Pékin, le Conseil d'Etat a réagi à la manoeuvre, la qualifiant de défi manifeste à l'autorité du pouvoir central. Il pourrait donc s'agir de facto d'un référendum sur la démocratie à Hong Kong si la participation au scrutin est élevée.