- tibet : appel à la paix des intellectuels chinois -
Cette lettre ouverte a été publiée le 22 mars sur le site newcenturynews et traduite sur le site de Courrier International, elle a été signée par une trentaine d'écrivains, d'universitaires, de journalistes et de militants des droits de l'Homme dont j'ai décidé de me faire l'écho. Vous pouvez ajouter votre nom à la liste en l'envoyant, accompagné de votre profession et de votre lieu de résidence, à xizangwenti@gmail.com.
Douze propositions pour traiter la situation du Tibet :
1. Le mode actuel de couverture partiale de l'information des médias officiels chinois a pour effet d'attiser la haine interethnique et d'aggraver les tensions ; il est extrêmement préjudiciable à l'objectif ultime de préservation de l'unité nationale. Nous appelons donc à l'arrêt de ce genre de propagande.
2. Nous apportons notre soutien à l'appel à la paix du dalaï-lama et espérons que le respect des principes de bienveillance, de paix et de non-violence conduira à un règlement judicieux de ce conflit. Nous dénonçons tout acte de violence à l'encontre de civils innocents et exhortons vivement le gouvernement chinois à mettre un terme à sa violente répression. Nous appelons les Tibétains à ne pas sombrer également dans la violence.
3. Comme le gouvernement chinois prétend "avoir suffisamment de preuves attestant que c'est la clique du dalaï-lama qui a organisé, fomenté et soigneusement planifié" les incidents, nous souhaitons qu'il produise ces preuves et nous lui proposons d'inviter le Conseil des droits de l'homme de l'ONU à mener une enquête indépendante sur ces preuves, le déroulement des événements et le nombre de morts et de blessés, afin d'infléchir les opinions contraires et lever le scepticisme à ce sujet dans la communauté internationale.
4. Nous estimons que des propos aux relents de Révolution culturelle, tels que ceux tenus par les dirigeants du Parti communiste chinois de la région du Tibet, qui ont affirmé que "le dalaï-lama [était] un chacal en robe bouddhique, un démon à face humaine et à cœur de bête", ne contribuent pas à l'apaisement de la situation ni à donner une bonne image des pouvoirs publics chinois. Nous considérons que le gouvernement chinois, tant désireux de s'intégrer dans la communauté internationale, doit adopter pour ce faire un style de gouvernement conforme à celui du monde moderne et civilisé.
5. Nous avons noté que le jour même des premières flambées de violence à Lhassa (le 14 mars), le responsable de la région autonome du Tibet déclarait "avoir suffisamment de preuves attestant que c'est la clique du dalaï-lama qui a organisé, fomenté et soigneusement planifié" les incidents, ce qui montre que les autorités du Tibet savaient à l'avance que des émeutes allaient se produire, mais qu'elles n'ont pas su les prévenir ni les contenir efficacement. Il convient donc d'enquêter sérieusement sur d'éventuels manquements au devoir et de sanctionner les fautifs.
6. S'il s'avérait impossible de prouver que les incidents avaient été organisés, fomentés et soigneusement planifiés et s'il s'agissait finalement d'un simple soulèvement populaire, il faudrait rechercher les responsables à l'origine de ce soulèvement et des fausses informations destinées à tromper le gouvernement central et la population. Il faudrait en tirer sérieusement les enseignements et faire le bilan de cette expérience pour éviter de refaire les mêmes fautes.
7. Nous demandons instamment que ces événements ne donnent lieu à aucun examen de passage systématique ni règlement de compte à l'encontre des simples Tibétains. Les personnes arrêtées doivent absolument être jugées selon une procédure judiciaire publique, équitable et transparente afin de déboucher sur un verdict devant lequel toutes les parties s'inclineront.
8. Nous exhortons le gouvernement chinois à autoriser les médias chinois et étrangers notoirement crédibles à entrer au Tibet pour effectuer des reportages et interviews en toute indépendance. Nous estimons que la chape de plomb actuelle n'est pas de nature à inspirer confiance à la population chinoise et à la communauté internationale, elle nuit à l'image d'honnêteté du gouvernement chinois. Si le gouvernement détenait la vérité, il ne craindrait pas des investigations pointilleuses. Ce n'est qu'en faisant preuve d'ouverture que notre gouvernement pourra vaincre la défiance actuelle de la communauté internationale à son encontre. [Une délégation de la presse étrangère a finalement été invitée à se rendre pour trois jours à Lhassa à compter du 26 mars.]
9. Nous appelons les citoyens chinois et les Chinois de l'étranger à conserver leur sang-froid et à faire preuve de tolérance, en se livrant à une réflexion approfondie. Un nationalisme exacerbé ne peut que susciter des réactions antipathiques dans la communauté internationale et porter préjudice à l'image internationale de la Chine.
10. Dans les années 1980, les troubles s'étaient limités à Lhassa, alors qu'aujourd'hui ils s'étendent à toutes les zones tibétaines [incorporées dans les provinces chinoises dans les années 1950]. Cette dégradation de la situation en dit long sur les graves lacunes du travail effectué au Tibet ; les services concernés doivent en tirer toutes les conséquences et revoir complètement cette politique ethnique, qui a échoué.
11. Afin d'éviter que ne se reproduisent de tels incidents, le gouvernement doit absolument respecter les droits à la liberté d'expression et à la liberté de religion et de croyance, qui sont stipulés clairement par la Constitution chinoise ; il doit permettre au peuple tibétain d'épancher ses mécontentements et ses espoirs, et autoriser les citoyens chinois de toutes ethnies à donner librement leur avis et à critiquer la politique du gouvernement vis-à-vis des minorités ethniques.
12. Nous espérons que les malentendus se dissoudront entre Tibétains et Chinois Hans pour donner place au développement des échanges et à l'union. Les services gouvernementaux comme les associations et les personnalités religieuses doivent tous œuvrer en ce sens. Il nous faut absolument éliminer toute haine interethnique, parvenir à la bonne entente des différentes nationalités chinoises et non pas continuer à étendre la fracture entre les peuples. Si un Etat veut éviter la division de son territoire, il doit d'abord éviter toute scission ethnique.
Douze propositions pour traiter la situation du Tibet :
1. Le mode actuel de couverture partiale de l'information des médias officiels chinois a pour effet d'attiser la haine interethnique et d'aggraver les tensions ; il est extrêmement préjudiciable à l'objectif ultime de préservation de l'unité nationale. Nous appelons donc à l'arrêt de ce genre de propagande.
2. Nous apportons notre soutien à l'appel à la paix du dalaï-lama et espérons que le respect des principes de bienveillance, de paix et de non-violence conduira à un règlement judicieux de ce conflit. Nous dénonçons tout acte de violence à l'encontre de civils innocents et exhortons vivement le gouvernement chinois à mettre un terme à sa violente répression. Nous appelons les Tibétains à ne pas sombrer également dans la violence.
3. Comme le gouvernement chinois prétend "avoir suffisamment de preuves attestant que c'est la clique du dalaï-lama qui a organisé, fomenté et soigneusement planifié" les incidents, nous souhaitons qu'il produise ces preuves et nous lui proposons d'inviter le Conseil des droits de l'homme de l'ONU à mener une enquête indépendante sur ces preuves, le déroulement des événements et le nombre de morts et de blessés, afin d'infléchir les opinions contraires et lever le scepticisme à ce sujet dans la communauté internationale.
4. Nous estimons que des propos aux relents de Révolution culturelle, tels que ceux tenus par les dirigeants du Parti communiste chinois de la région du Tibet, qui ont affirmé que "le dalaï-lama [était] un chacal en robe bouddhique, un démon à face humaine et à cœur de bête", ne contribuent pas à l'apaisement de la situation ni à donner une bonne image des pouvoirs publics chinois. Nous considérons que le gouvernement chinois, tant désireux de s'intégrer dans la communauté internationale, doit adopter pour ce faire un style de gouvernement conforme à celui du monde moderne et civilisé.
5. Nous avons noté que le jour même des premières flambées de violence à Lhassa (le 14 mars), le responsable de la région autonome du Tibet déclarait "avoir suffisamment de preuves attestant que c'est la clique du dalaï-lama qui a organisé, fomenté et soigneusement planifié" les incidents, ce qui montre que les autorités du Tibet savaient à l'avance que des émeutes allaient se produire, mais qu'elles n'ont pas su les prévenir ni les contenir efficacement. Il convient donc d'enquêter sérieusement sur d'éventuels manquements au devoir et de sanctionner les fautifs.
6. S'il s'avérait impossible de prouver que les incidents avaient été organisés, fomentés et soigneusement planifiés et s'il s'agissait finalement d'un simple soulèvement populaire, il faudrait rechercher les responsables à l'origine de ce soulèvement et des fausses informations destinées à tromper le gouvernement central et la population. Il faudrait en tirer sérieusement les enseignements et faire le bilan de cette expérience pour éviter de refaire les mêmes fautes.
7. Nous demandons instamment que ces événements ne donnent lieu à aucun examen de passage systématique ni règlement de compte à l'encontre des simples Tibétains. Les personnes arrêtées doivent absolument être jugées selon une procédure judiciaire publique, équitable et transparente afin de déboucher sur un verdict devant lequel toutes les parties s'inclineront.
8. Nous exhortons le gouvernement chinois à autoriser les médias chinois et étrangers notoirement crédibles à entrer au Tibet pour effectuer des reportages et interviews en toute indépendance. Nous estimons que la chape de plomb actuelle n'est pas de nature à inspirer confiance à la population chinoise et à la communauté internationale, elle nuit à l'image d'honnêteté du gouvernement chinois. Si le gouvernement détenait la vérité, il ne craindrait pas des investigations pointilleuses. Ce n'est qu'en faisant preuve d'ouverture que notre gouvernement pourra vaincre la défiance actuelle de la communauté internationale à son encontre. [Une délégation de la presse étrangère a finalement été invitée à se rendre pour trois jours à Lhassa à compter du 26 mars.]
9. Nous appelons les citoyens chinois et les Chinois de l'étranger à conserver leur sang-froid et à faire preuve de tolérance, en se livrant à une réflexion approfondie. Un nationalisme exacerbé ne peut que susciter des réactions antipathiques dans la communauté internationale et porter préjudice à l'image internationale de la Chine.
10. Dans les années 1980, les troubles s'étaient limités à Lhassa, alors qu'aujourd'hui ils s'étendent à toutes les zones tibétaines [incorporées dans les provinces chinoises dans les années 1950]. Cette dégradation de la situation en dit long sur les graves lacunes du travail effectué au Tibet ; les services concernés doivent en tirer toutes les conséquences et revoir complètement cette politique ethnique, qui a échoué.
11. Afin d'éviter que ne se reproduisent de tels incidents, le gouvernement doit absolument respecter les droits à la liberté d'expression et à la liberté de religion et de croyance, qui sont stipulés clairement par la Constitution chinoise ; il doit permettre au peuple tibétain d'épancher ses mécontentements et ses espoirs, et autoriser les citoyens chinois de toutes ethnies à donner librement leur avis et à critiquer la politique du gouvernement vis-à-vis des minorités ethniques.
12. Nous espérons que les malentendus se dissoudront entre Tibétains et Chinois Hans pour donner place au développement des échanges et à l'union. Les services gouvernementaux comme les associations et les personnalités religieuses doivent tous œuvrer en ce sens. Il nous faut absolument éliminer toute haine interethnique, parvenir à la bonne entente des différentes nationalités chinoises et non pas continuer à étendre la fracture entre les peuples. Si un Etat veut éviter la division de son territoire, il doit d'abord éviter toute scission ethnique.