"Let the Bullets Fly", une satire politique
Sorti le 16 décembre dernier en Chine, "Let the Bullets Fly" (让子弹飞) du réalisateur Jiang Wen est le dernier succès du box-office local avec plus de 640 millions de yuans de recettes en un mois. Une comédie au casting prestigieux avec Chow Yun-fat et Ge You qui a suscité beaucoup de discussion sur Internet à propos des messages cachés qu'il véhiculerait.
L'histoire se déroule dans les années 20 dans la ville fictive de E'chang (la ville des oies) et raconte l'imposture d'un bandit qui se fait passer pour le nouveau gouverneur de la cité. Ainsi, le film démarre quand Zhang Muzhi (joué par Jiang Wen lui-même) et son gang attaquent le train transportant Ma Bangde (Ge You), un politicien corrompu qui s'apprête à prendre ses fonctions de gouverneur de E'cheng, une fonction qu'il a obtenue en graissant la patte de quelques hauts-fonctionnaires bien placés. Le bandit prend la femme de Ma en otage et usurpe l'identité du nouveau gouverneur avec l'objectif initial de s'en mettre plein les poches.
Mais les plans de Zhang vont changer quand sa route croise celle de Huang Silang (Chow Yun-fat), le seigneur de guerre local. En effet, le bandit a des scrupules à s'enrichir sur le dos du peuple et préfère voler aux riches, à savoir Huang, qui a amassé une immense fortune grâce à un trafic d'êtres humains et à un monopole sur l'industrie du tabac. C'est alors une farouche bataille qui va s'engager entre les deux hommes et leurs gangs respectifs...
Difficile donc de ne pas y voir un parallèle avec les fonctionnaires de la Chine rurale d'aujourd'hui. Beaucoup, d'entre eux en effet, ont pu s'enrichir en confisquant des terres aux paysans et en bénéficiant du monopole de l'Etat sur la production de tabac. Mais outre cette critique masquée de la corruption contemporaine, le film contiendrait également plusieurs références subtiles au massacre de la place Tiananmen. Les chiffres six et quatre, notamment dans les noms des personnages, reviennent de manière fréquente tout au long du film. 6-4 en allusion à ce fameux 4 juin 1989, peu de chances pour qu'il s'agisse d'une pure coïncidence...